Le doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, Réjean Hébert. |
Photo : Michel Caron |
10 avril 2008
La Faculté de médecine et des sciences de la santé est en pleine forme. C'est du moins le diagnostic posé par le doyen Réjean Hébert. Après plusieurs années d'expansion fulgurante, l'heure est maintenant venue de consolider les acquis.
Ouverture de nouveaux sites d'enseignement, embauche de nouveaux professeurs, création de nouveaux programmes… il est vrai que le travail n'a pas manqué ces derniers temps pour le personnel de la Faculté. «Il faut maintenant consolider ce qu'on a fait comme développement parce qu'on en a fait beaucoup au cours des quatre dernières années, explique le doyen. Cela ne veut pas nécessairement dire qu'on prend une pause pour autant. Le développement continue malgré tout.»
L'expansion récente de la Faculté de médecine et des sciences de la santé est passée en grande partie par les régions. Les deux nouveaux campus conjoints de Chicoutimi et Moncton fonctionnent au-delà des espérances. «On a des programmes qui marchent, des professeurs qui sont extrêmement dédiées, dévoués et compétents et des étudiants qui sont contents et qui performent aussi bien que ceux de Sherbrooke, explique le doyen. Nos collaborations avec les deux universités partenaires sont très bonnes et les services aux étudiants sont de grande qualité.»
Réjean Hébert souligne que ce virage vers les régions se poursuivra au cours des prochains mois avec l'ouverture de deux nouvelles antennes au niveau postdoctoral : une à Saint-Hyacinthe et une à Rouyn-Noranda. Dès l'été, 12 diplômés en médecine, supervisés par une trentaine de professeurs, pratiqueront dans chacune de ces municipalités pour une période de deux ans dans le cadre du programme de résidence en médecine de famille. «Saint-Hyacinthe et Rouyn-Noranda deviennent donc des milieux d'enseignement importants, souligne-t-il. C'est ainsi qu'on académise une région.»
La dernière année a permis de voir naître deux nouveaux programmes de réadaptation : l'ergothérapie et la physiothérapie. En août, 24 étudiantes et étudiants ont commencé leur 1re année dans chacune de ces disciplines. «La 1re session s'est très bien déroulée, explique Réjean Hébert. Nos professeurs ont fait un excellent travail pour mettre en place les programmes et livrer la marchandise. Les étudiants sont contents.»
Dans l'avenir, le doyen souhaite consolider le programme de sciences infirmières. «On est présentement limité dans l'entrée en sciences infirmières parce qu'il s'agit d'un programme DEC-bac intégré, donc l'entrée se fait au DEC, explique-t-il. Nous voudrions augmenter nos effectifs étudiants, car nous connaissons la problématique du manque d'infirmières dans le système de santé. Mais nous sommes limités par la capacité des cégeps d'accueillir plus d'étudiants. Il faudra trouver une solution à ce problème.»
Cette augmentation du nombre de programmes et de sites d'enseignement amène bien évidemment une augmentation du nombre de professeurs. «Au cours des quatre dernières années, nous avons recruté presque 100 professeurs réguliers et 250 professeurs en enseignement clinique, affirme Réjean Hébert. C'est énorme!»
Les effets de la délocalisation de l'enseignement se font maintenant sentir dans toute la Faculté. «Ça a eu un impact sur nos façons de faire, souligne Réjean Hébert. Nous sommes maintenant obligés de mieux formaliser nos processus et de faire un important travail de contrôle de qualité. Je pense que cette délocalisation a même eu un effet bénéfique sur l'enseignement ici au Campus de la santé.»
Le doyen va même jusqu'à affirmer que c'est toute la culture facultaire qui a changé : «Avant, nous vivions un peu dans notre monde. Maintenant, il faut penser en réseau. On développe de nouveaux réflexes.»
Si la délocalisation a eu un impact sur la culture, la création de nouveaux programmes aussi. «Nous ne sommes plus simplement une faculté de médecine, explique le doyen. C'est pourquoi il faut apprendre à travailler en interdisciplinarité et faire en sorte que nos étudiants aient une vision élargie de leur profession.»
Le plan d'action stratégique de la Faculté de médecine et des sciences de la santé devait normalement arriver à échéance en 2009. Plutôt que de produire un tout nouveau plan, la Faculté a décidé d'en faire une mise à jour et de l'étendre jusqu'en 2011. «On fait présentement un exercice de consultation de toutes les instances de la Faculté pour une mise à niveau du plan stratégique, explique le doyen. Cette consultation va nous mener à un grand forum facultaire le 30 mai. Il s'agit d'un exercice de discussion fondamental. Tout ce qui a été fait au cours des dernières années représente les fruits du dernier forum.»
Durant ce forum, plusieurs questions seront abordées. En plus de l'interdisciplinarité, la question du développement à l'échelle internationale préoccupe beaucoup Réjean Hébert. Déjà, la Faculté entretient des relations avec deux pays : le Mali et l'Uruguay. Le doyen souhaiterait maintenant aller plus loin. «De plus en plus, la nouvelle génération d'étudiants souhaite faire des stages prolongés à l'étranger, explique-t-il. On voudrait donc développer des partenariats avec des universités étrangères qui pourraient offrir une partie de notre cursus à l'intérieur de stages.»
La question de la recherche devra également faire l'objet d'une observation plus approfondie. «Nous avons présentement un excellent groupe de chercheurs, raconte le doyen. Cependant, un problème vient de l'externe. Le financement est en mode plateau depuis quelque temps. Il y a plus de chercheurs et moins d'argent. Comment peut-on aller chercher le financement nécessaire?»
Toujours au sujet de la recherche, Réjean Hébert croit qu'il faudra donner une plus grande importance à la multidisciplinarité des travaux. «Depuis le Moyen Âge, les universités ont été divisées selon les disciplines, raconte-t-il. Mais de plus en plus, la recherche devient transversale. Il faut trouver des moyens de faciliter les contacts entre les facultés.»
Dernier défi bien cher au doyen : faire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé une faculté sans papier. «Il faut apprendre à utiliser la technologie pour soutenir l'enseignement, l'améliorer et contribuer à la protection de l'environnement», dit-il.
Finalement, Réjean Hébert ne manque pas de mentionner sa fierté devant le succès du projet CursUS-santé, la mini-faculté de médecine pour l'éducation populaire en santé. «Pour notre 1re session sur le cancer, nous souhaitions avoir entre 125 et 150 inscriptions, raconte-t-il. Nous en avons eu 194! J'étais à la remise des certificats pour les personnes participantes et c'était touchant de voir comment les gens étaient fiers d'avoir suivi le programme.» Voilà une belle façon de démocratiser la santé et l'enseignement universitaire.
Journal UdeS : Qu'est-ce qui ne fonctionne pas dans le système de santé?
Réjean Hébert : On a un beau boeing 747, mais on n'a pas assez de gaz pour aller là où on voudrait aller. Il y a présentement un sous-financement du système. Il faut absolument y mettre plus d'argent et se recentrer sur les soins à domicile, qui coûtent beaucoup moins cher.
Journal UdeS : Les aînés sont-ils présentement délaissés par les gouvernements?
R. Hébert : Oui. Les politiciens ne sentent pas la pression venant de la population pour agir sur la question des soins de santé aux aînés. La génération actuelle de personnes âgées n'est pas habituée à revendiquer, mais attention… les baby-boomers arrivent et là, le gouvernement n'aura pas le choix de changer sa façon de faire.
Journal UdeS : Des chercheurs se penchent actuellement sur des techniques qui permettraient à l'homme de vivre encore plus longtemps. Y croyez-vous?
R. Hébert : Ce n'est pas nouveau, les hommes ont toujours cherché la fontaine de jouvence. Mais ce n'est pas réaliste de penser cela. On a atteint un plateau par rapport à la longévité totale. Par contre, l'objectif aujourd'hui est d'augmenter la durée de vie en bonne santé pour comprimer la période d'invalidité. Ça, c'est possible!
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